JOUR 6.

Dernières heures en mer. Plafond bas. Très bas même. Une seule couleur ; le gris. Des nuances de gris (of course). Pour nous, le sud, c'est Bergen. Prévu à 14:30. J'ai le temps de faire des aller-retour entre la route verglacée de "Bérézina" de l'ouraliste Sylvain Tesson et le deck 8 pour quelques clichés monochromes.

Dans une grisaille à faire pleurer un biélorusse, le Finnmarken fend l'eau noire en rasant les cailloux. A l'approche de Bergen, le smartphone nous apprend l'attentat à la lettre piégée au FMI et la fusillade dans un lycée des Alpes Maritimes. Paris, Grasse, Bergen; le monde se rétrécit.

A quelques encablures de l'arrivée, les nuages flirtent avec l'océan. Visibilté: 300 m.

700 photos plus tard -rassure-toi, la moitié ou les deux tiers auront rejoint la corbeille- il nous faut quitter le MS Finnmarken (sous une pluie battante) pour rallier l'aéroport. Paris via Amsterdam. Demain, Mérignac. Le voyage s'achève. À regret.

JOUR 5.

Le comprimé de Mercalm (placement de produit) a permis à Nicole d'éviter le mal de mer (sea sick) alors que - durant plus de deux heures - il y eut "rodéo sur couchette". Mon épouse avouera même (sous la torture) avoir failli être éjectée de sa couche. Par  pure  précaution sans doute, les ascenseurs avaient été neutralisés.
Ce matin, l'escale de Trondheim a des senteurs de poisson. Un vent très violent balaie les quais. Une demie-heure le nez au vent.
Pas d'arrêt avant Kristiansund. Météo variable à très variable. Vent violent à très violent. Le haut-parleur annonce "de la mer" en open sea. Re-comprimé pour Nicole qui travaille, sur le net, une nouvelle formule du Mont-Blanc. Il s'agit du dessert bien sûr.
Ça sent le retour.

JOUR 4.

Avant le dîner, servi à 20:00, petite incursion dans Svolvær, capitale des Lofoten (sauf erreur de ma part). Plutôt engageant, cela donne envie d'y revenir.

Et une aurore boréale dans les tons saumon...à Stamsund.

Ce matin, grand jour ( pour moi avec une petite pointe d'émotion). Le passage du cercle arctique  polaire par 66° 33 de latitude. Temps pourri; vent violent et pluie glacée. Tu voulais l'nord...Cérémonie du passage avec le commandant en personne. Distribution d'une cuillère d'huile de foie de morue (souvenir d'enfance pour les plus anciens). Et une coupe de champagne français (Nicolas Feuillatte) à mettre sur la cruise-card.

Déjà la neige se fait plus rare et les feuillus remplacent parfois les résineux. Lors des escales  (port of call), les bâtiments en bois ont fait place aux constructions plus "modernes". Le Finnmarken continue, à l'occasion, de raser les cailloux tandis que nous avons testé la salle de sport. 

Notre animatrice vient d'annoncer une mer forte; la piscine et les jacuzzi ont été vidangés.

L'aventure se poursuit.

JOUR 3.

Arrivée dans la nuit à Tromsø. Sa cathédrale illuminée en fait un immanquable amer. Mais bien avant l'escale, le deck 8 est occupé par les "light hunters". Je les rejoins dans la nuit polaire. Premiers essais de pose longue à l'aveugle parce que les aurores du moment sont d'une grande discrétion. Peu ou pas visibles à l'œil nu. Après lecture des rushes, j'ai une trace verte. Je récupère ma lampe frontale et effectue une nouvelle série; rien. Un peu plus tard après avoir retrouvé l'usage de mes doigts, je devine quelque chose par tribord. Je travaille en automatique, sans le pied, et bingo j'ai une déchirure verte dans mon image. Mission accomplie même si ce n'est pas une super plaque. Il est temps d'aller se coucher.
08:00 départ en excursion pour "un goût des Vesteralen". Le soleil est de la partie ce qui ne gâche rien. On a donc effacé une escale. On rejoint notre bâtiment à Sortland, la ville bleue.
En route pour les Lofoten un peu ruinées par une pluie glacée. Moment d'émotion quand le commandant du Finnmarken engage sa proue dans l'étroiture du Trollfjord interdit à la circulation maritime en hiver à cause du risque d'avalanches.
  

JOUR 2.

Dîner à la norvégienne avec des tranches de rennes à la tendresse câline. Escale nocturne à Båtsfjord avec tempête de neige et chasse-neige inclus. Tu voulais voir le nord, t'as vu le nord!

Un mot de la nuit par mer forte. Le grand huit gratuit pour un combiné roulis-tangage des plus prononcés. Le commandant a jugé bon de vidanger la piscine et les deux jacuzzi. Une mesure de bon sens me semble-t-il.

Après une sieste réparatrice, Nicole avoue avoir passé une bonne nuit. C'est déjà ça.

Peu avant midi, nous avons approché l'investissement industriel le plus important de la Norvège. A savoir le champ gazier offshore (180 km du littoral) Snow White et surtout l'unité de liquéfaction de gaz naturel d'Hammerfest. Petite escapade en  ville entre deux averses de neige. Tu voulais voir l'nord...

La croisière continue dans une météo évoluant de quart d'heure en quart d'heure.